Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/486

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de saisir, avant le terme de ses fonctions curules, le commandement militaire ou l’imperium, comme le fit en 699 Crassus, qui partit pour la Syrie sans attendre la fin de son consulat. Dès lors, en supposant, ce qui n’est pas impossible, que toute l’année du consulat de César fût comprise dans son proconsulat[1], les cinq premières années de son commandement devaient dater de 695 et finir au 1er janvier 700. Le Discours sur les provinces consulaires prouve qu’on l’entendait bien ainsi : À l’époque où il fut prononcé (juillet ou août 698), on s’occupait de la désignation des provinces destinées aux consuls qui devaient sortir de charge dix-huit mois après, c’est-à-dire en 700, et il était question de remplacer César. Le premier quinquennium de son commandement se terminait donc en décembre 699, et par conséquent le second en décembre 704. Tel était le système du sénat, très-porté naturellement à diminuer la durée du proconsulat des Gaules[2]. Aussi Hirtius nous apprend-il qu’en 703 les Gaulois savaient que César n’avait plus qu’un été, celui

  1. P. Servilius, qui fut consul en 675, prit possession de sa province peu de temps après être entré en charge comme consul ; il revint en 679. Cicéron (Troisième discours contre Verrès, xc) dit qu’il commanda durant cinq ans. Ce chiffre ne peut s’expliquer qu’en admettant que les années 675 et 679 étaient comptées comme complètes. L. Pison, qui fut consul en 696, quitta Rome à la fin de son consulat et y revint dans l’été de 699. Or on le regardait comme ayant exercé le commandement pendant trois années (Cicéron, Contre Pison, xxxv, xl.) Il faut donc que l’on comptât comme une année de proconsulat les quelques mois de 695.(Voyez Mommsen, La Question de droit entre César et le sénat, p. 28.)
  2. Dans tous les temps, on a vu les assemblées s’efforcer de diminuer la durée des pouvoirs donnés par le peuple à un homme qui ne leur était pas sympathique. En voici un exemple : la Constitution de 1848 décidait que le Président de la République française serait nommé pour quatre ans. Le prince Louis-Napoléon fut élu le 10 décembre 1848, et proclamé le 20 du même mois. Ses pouvoirs auraient dû finir le 20 décembre 1852. Or l’Assemblée constituante, qui prévoyait l’élection du prince Louis-Napoléon, fixa le terme de la présidence au deuxième dimanche du mois de mai 1852, lui enlevant ainsi sept mois.