Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/490

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et même celle des assemblées inclinent toujours vers la modération ; mais bientôt, dominées par une minorité passionnée et entreprenante, elles se jettent à sa suite dans des voies extrêmes. C’est ce qui arriva à cette époque. Marcellus et son parti s’efforcèrent d’abord d’entraîner Pompée, et, celui-ci une fois décidé, ils entraînèrent le sénat. Au moment où, au mois de juin, Pompée s’apprêtait à rejoindre les troupes stationnées à Ariminum, on le fit revenir à Rome, et, lorsque, le 11 des calendes d’août, les sénateurs se rassemblèrent au temple d’Apollon pour régler la solde de ses troupes, on lui demanda pourquoi il avait prêté une légion à César. Obligé de s’expliquer, il promit de la rappeler, mais non immédiatement, ne voulant pas avoir l’air de céder à des menaces. On insista encore pour connaître son opinion sur le rappel de César ; alors, par une de ces phrases évasives qui lui étaient habituelles et qui révélaient son hésitation, il répondit que « tout le monde devait également obéissance au sénat[1]. » On ne statua rien sur les pouvoirs consulaires.

La question du gouvernement des Gaules devait être reprise aux ides d’août, puis enfin au mois de septembre ; mais le sénat ne se trouvait jamais en nombre pour délibérer, tant il craignait de se prononcer. On ne se décida à aborder franchement la question que lorsqu’on fut convaincu du consentement de Pompée au rappel de César[2]. Alors furent présentés des décrets qui liaient à l’avance les consuls dési-


    c’est ce que je n’approuve pas du tout. Il m’a été facile de démontrer à Théophane que le mieux était de ne pas s’éloigner. Je suis plus inquiet de la République depuis que je vois par vos lettres que notre ami Pompée doit aller en Espagne. » (Cicéron, Lettres à Atticus, V, ix.)

  1. Cicéron, Lettres familières, VIII, iv.
  2. « Mais enfin, après plusieurs remises successives et la certitude bien acquise que Pompée voulait qu’on s’occupât du rappel de César aux calendes de mars, on rendit le sénatus-consulte que je vous envoie. » (Cœlius à Cicéron, Lettres familières, VIII, viii.)