Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/497

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grande partie du butin, de même qu’aujourd’hui, lorsque, dans les expéditions lointaines, les nations européennes s’emparent du produit des douanes étrangères pour payer les frais de la guerre, c’est encore l’argent européen qui fait l’avance de ces frais.

La réconciliation de Curion avec César fut d’abord tenue secrète ; mais, soit que, afin de se ménager un prétexte pour changer de parti, le nouveau tribun eût présenté des lois qui n’avaient aucune chance d’être adoptées, soit qu’il se sentît blessé du rejet de ses propositions, vers le commencement de l’année 704 il se déclara pour César, ou, ce qui était la même chose, comme le dit Cœlius, il se mit du côté du peuple. Quel que fût le mobile de sa conduite, voici à la suite de quelles circonstances son attitude fut modifiée. Il avait proposé l’intercalation d’un mois dans l’année courante, afin, probablement, de retarder l’époque où l’on devait statuer sur la question qui agitait le sénat et la ville[1]. Sa qualité de pontife rendait sa proposition parfaitement légale ; malgré son utilité incontestable[2], elle fut mal accueillie. Il s’y attendait, mais il parut prendre la chose à cœur et regarder le refus du sénat comme une offense. Dès ce moment, il fit une opposition systématique[3]. Vers le même temps, il présenta deux lois, l’une concernant l’alimentation du peuple, dont il voulait charger les édiles[4] ; l’autre, sur la réparation des routes, dont il demandait la direction pendant cinq ans[5]. Il entendait, semble-t-il, faire

  1. « Curion, dans son humeur de n’avoir pas obtenu d’intercalation, s’est rejeté avec une légèreté sans pareille du côté du peuple, et s’est mis à parler pour César. » (Cœlius à Cicéron, Lettres familières, VIII, vi.)
  2. Voir Appendice A.
  3. Dion-Cassius, XL, lxii.
  4. Cœlius à Cicéron, Lettres familières, VIII, vi.
  5. Cicéron, Lettres à Atticus, VI, i ; Ad Div., VIII, vi, 5. — Appien, Guerres civiles, II, xxvii.