Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/503

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à César. D’ailleurs l’intérêt de l’État exigeait la présence de deux rivaux sans cesse opposés l’un à l’autre, et, à ses yeux, c’était Pompée qui aspirait ouvertement à la tyrannie[1]. » Cette accusation ne manquait pas de fondement, car depuis dix-neuf ans, c’est-à-dire depuis 684, époque de son premier consulat, Pompée avait presque toujours été en possession de l’imperium, soit comme consul, soit comme général dans les guerres contre les pirates et contre Mithridate, soit enfin comme chargé des approvisionnements de l’Italie. « Ôter à César son armée, dit Plutarque, et laisser à Pompée la sienne, c’était, en accusant l’un d’aspirer à la tyrannie, donner à l’autre les moyens d’y parvenir[2]. »


Pompée reçoit des ovations et redemande à César deux légions.

III. Vers cette époque Pompée tomba dangereusement malade, et, lorsqu’il fut guéri, les Napolitains et les peuples de toute l’Italie montrèrent une telle allégresse, que « chaque ville, petite ou grande, dit Plutarque, célébra des fêtes pendant plusieurs jours. Lorsqu’il revint à Rome, il n’y avait pas d’endroits assez spacieux pour contenir la foule qui accourait au-devant de lui : les chemins, les bourgs et les ports étaient pleins de gens offrant des sacrifices, faisant des banquets pour témoigner leur joie de son rétablissement. Un grand nombre de citoyens, couronnés de feuillage, allaient le recevoir avec des flambeaux et l’accompagnaient en lui jetant des fleurs ; le cortège dont il était suivi dans sa marche présentait le spectacle le plus agréable et le plus magnifique[3]. » Quoique ces ovations eussent donné à Pompée une opinion exagérée de son influence, de retour à Rome, il observa en public la même réserve, tout en soutenant secrètement les mesures propres à amoindrir le pouvoir de César. Ainsi, prenant prétexte

  1. Appien, Guerres civiles, II, xxviii.
  2. Plutarque, César, xxxiv.
  3. Plutarque, Pompée, lxi.