Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/504

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des demandes de renforts, sans cesse renouvelées par Bibulus et Cicéron, proconsuls de Syrie et de Cilicie, qui voulaient mettre leurs provinces à l’abri d’une invasion des Parthes, il représenta que les levées ordonnées par le sénat étaient insuffisantes et qu’il était nécessaire d’envoyer en Orient des troupes aguerries. Il fut alors décidé que Pompée et César, qui se trouvaient à la tête d’armées considérables, en détacheraient, chacun de son côté, une légion pour la défense des provinces menacées. Aussitôt un sénatus-consulte somma César de remettre la sienne et lui ordonna, en outre, de rendre la légion qui lui avait été prêtée par Pompée peu après la conférence de Lucques. Peut-être espérait-on quelque résistance de sa part, car cette dernière légion avait été levée, comme toutes celles de son armée, dans la Gaule cisalpine ; mais il n’hésita pas à obéir, en sorte que, seul, il dut fournir les renforts exigés pour l’Orient. Avant de se séparer de ses soldats, qui avaient si longtemps combattu sous ses ordres, il fit distribuer deux cent cinquante drachmes (225 fr.) à chaque légionnaire[1].

Appius Claudius, neveu du censeur du même nom, parti de Rome avec la mission de ramener ces troupes de la Cisalpine en Italie, rapporta, à son retour, que les soldats de César, fatigués de leurs longues campagnes, soupiraient après le repos et qu’il serait impossible de les entraîner à une guerre civile ; il prétendait même que les légions en quartiers d’hiver dans la Gaule transalpine n’auraient pas plutôt passé les Alpes, qu’elles se rallieraient aux drapeaux de Pompée[2]. Les événements démentirent dans la suite ces

  1. Appien, Guerres civiles, II, xxix. — Plutarque, César, xxxii.
  2. Appien, Guerres civiles, II, xxix. — Cet officier (Appius) affecta de rabaisser les exploits qui s’étaient accomplis dans cette contrée (la Gaule), et de répandre des bruits injurieux à César. « Il fallait, disait-il, que Pompée connût bien peu ses forces et sa réputation ; autrement chercherait-il, pour se mesurer avec César, d’autres troupes que celles dont il disposait ? il le vaincrait