Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/65

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frayer un chemin par la force ; à plusieurs reprises, tantôt le jour, tantôt la nuit, ils traversèrent le Rhône, les uns à gué, les autres à l’aide de bateaux joints ensemble ou d’un

    Au village de Cologny, les hauteurs forment un plateau triangulaire sux, dont la pointe s s’avance comme un promontoire vers le Rhône, qu’elle domine à pic de 20 mètres au moins. Un ressaut de terrain, su, le limite en avant et le sépare d’une plaine qui s’étend jusqu’au fleuve. L’escarpement produit par ce ressaut de terrain présente au Rhône un versant d’environ 45 degrés. Il domine la plaine de 14 mètres vers son extrémité, diminue de hauteur peu à peu, et n’a plus que 2 à 3 mètres près du point u (Voir le profil nn.) Les Romains creusèrent, dans le versant de l’escarpement, de s en u, sur une longueur de 800 mètres, une tranchée formant mur et fossé. Le plateau de Cologny, situé en arrière, offrait une position favorable pour la défense de ce retranchement. (Voir le profil pp.) Ils prolongèrent leurs ouvrages vers l’ouest jusqu’en y : à partir de là les hauteurs opposent des obstacles naturels suffisants. On peut ainsi estimer que, depuis Cologny jusqu’au mont du Vuache, les Romains exécutèrent 1 600 à 1 700 mètres de retranchements.

    En résumé, les travaux exécutés sur cinq points principaux, entre Genève et le Jura, représentent une longueur totale de 5 000 mètres environ, c’est-à-dire moins de la sixième partie du développement du cours du Rhône.

    En admettant que César disposât de 10 000 hommes, on peut croire qu’il les distribua de la manière suivante : 3 000 hommes sur les hauteurs d’Avully, quartier général ; 2 500 à Genève ; 1 000 sur le plateau d’Aire-la-Ville, 2 000 à Chancy, 1 500 sur le plateau de Cologny. Ces 10 000 hommes purent être concentrés, en deux heures, sur les hauteurs entre Aire-la-Ville et Cartigny ; en trois heures, sur les hauteurs d’Avully ; en trois heures et demie, sur le plateau de Chancy ; en trois heures et demie, ces troupes, moins celles campées à Genève, purent être réunies entre Cologny et le fort de l’Écluse. Il fallait cinq heures au détachement de Genève pour s’y porter.

    Les détachements cités plus haut, celui de Genève excepté, furent établis dans ce que César appelle les castella. Ceux-ci furent construits sur les hauteurs et à proximité des retranchements qu’il s’agissait de défendre, savoir : à Aire-la-Ville, à Avully, à Chancy et à Cologny. Ils consistaient probablement en redoutes en terre, capables de contenir un certain nombre de troupes. On les a représentés par des carrés sur la planche 3.

    César put connaître à chaque instant la marche et les projets des Helvètes, les hauteurs de la rive gauche du Rhône présentant un grand nombre de positions où il était facile de placer avantageusement des postes d’observation. Le commandant Stoffel en a signalé six, qui sont indiqués sur la planche 3. — Comme on le remarquera, les Helvètes, en traversant le Rhône, ne purent