Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/68

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Mais, comme il n’avait pas sous la main des forces suffisantes, il prit le parti de réunir toutes les troupes disponibles de son vaste commandement. Il confie la garde des retranchements du Rhône à son lieutenant T. Labienus[1], se rend en Italie à grandes journées, y lève en toute hâte deux légions (les 11e et 12e), fait venir d’Aquilée, ville d’Illyrie[2], les trois légions qui s’y trouvaient en quartiers d’hiver (7e, 8e et 9e), et, à la tête de cette armée, prend par les Alpes (Voir planche 4) le plus court chemin de la Gaule transalpine[3]. Les Ceutrons, les Graïocèles et les Caturiges (Voir page 20, fin de la note 2 page 21), postés sur les hauteurs[4], tentent de lui barrer le chemin : il les culbute dans plusieurs rencontres, et d’Ocelum (Usseau)[5], point extrême

  1. Voir la Biographie des lieutenants de César, Appendice D.
  2. Plusieurs auteurs ont avancé à tort que César s’était rendu en Illyrie ; il nous apprend lui-même (Guerre des Gaules, III, vii) qu’il y alla, pour la première fois, dans l’hiver de 698.
  3. Nous croyons, avec le général de Gœler, d’après l’itinéraire marqué sur la table de Peutinger, que les troupes de César passèrent par Altinum (Altino), Mantoue, Crémone, Laus Pompei (Lodi Vecchio), Pavie, Turin ; mais, à partir de ce dernier lien, nous leur faisons suivre la route de Fenestrelle et Ocelum. De là elles se dirigèrent à travers les Alpes cottiennes, par Césanne, Brigantium (Briançon) ; puis, en suivant la voie qu’indique la même Table et qui paraît avoir longé la Romanche, elles se rendirent à Cularo (Grenoble), sur la frontière des Voconces, par Stabatio (Chahotte ou le Monestier, Hautes-Alpes), Durotincum (Villards-d’Arenne), Mellosectum (Misoen ou Bourg-d’Oysans, Isère) et Catorissium (Bourg-d’Oysans ou Chaource, Isère).
  4. « Locis superioribus occupatis. » (Guerre des Gaules, I, x.)
  5. On n’est pas d’accord sur l’emplacement d’Ocelum. M. E. Celesia, qui prépare un ouvrage sur l’Italie ancienne, avance ce qui suit : Ocelum voulait dire, dans l’ancienne langue celtique ou ibérienne, passage principal. On sait que dans les Pyrénées ces passages s’appellent ports. Il existait des localités du nom d’Ocelum dans les Alpes, dans les Gaules et jusqu’en Espagne (Ptolémée, II, 6). — Les itinéraires trouvés aux bains de Vicarello indiquent, entre Turin et Suse, un Ocelum, qui ne nous semble pas avoir été celui dont parle César ; il y avait un endroit ainsi appelé dans la Maurienne, sur la rive gauche de l’Arc, à égale distance de la source de cette rivière et de la ville de Saint-Jean : c’est aujourd’hui Usseglio. Un autre existait dans la vallée