Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/80

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lius, décurion[1] de la cavalerie auxiliaire. Croyant que les Romains s’éloignaient d’eux par crainte, ou espérant leur couper les vivres, ils revinrent sur leurs pas, et commencèrent à harceler l’arrière-garde.

Aussitôt César conduisit ses troupes sur une colline voisine, qui s’élève entre deux villages appelés le Grand-Marié et le Petit-Marié (Voir planche 5), et envoya sa cavalerie pour retarder la marche des ennemis, ce qui lui donna le temps de se mettre en bataille. Il rangea à mi-côte, sur trois lignes, ses quatre légions de vétérans, et sur le plateau supérieur les deux légions récemment levées dans la Cisalpine, ainsi que les auxiliaires, de sorte que son infanterie couvrait toute la hauteur. Les gros bagages et les fardeaux (sarcinæ)[2] dont les soldats étaient chargés furent rassemblés sur un même point, que fortifièrent les troupes de réserve. Pendant que César prenait ces dispositions, les Helvètes, qui arrivaient suivis de tous leurs chariots, les réunirent en un seul endroit ; eux-mêmes, en ordre serré, repoussèrent la cavalerie, se formèrent en phalanges, et, gravissant les pentes de la colline occupée par l’infanterie romaine, s’avancèrent contre la première ligne[3].

  1. La cavalerie était divisée en turmæ, et la turma en trois décuries de dix hommes chacune.
  2. Le mot sarcinæ, dont le sens propre est celui de bagages ou fardeaux, était employé pour désigner, tantôt les fardeaux portés par les soldats (Guerre des Gaules, II, xvii), tantôt les gros bagages (Guerre civile, I, lxxxi). Ici il faut comprendre par sarcinæ les uns et les autres. Ce qui le prouve, c’est que les six légions de l’armée romaine étaient sur la colline ; or, si César avait envoyé ses gros bagages en avant, vers Bibracte, comme le croit le général de Gœler, il les aurait fait escorter par les deux légions de nouvelle levée, comme il le fit, l’année suivante, dans la campagne contre les Nerviens. (Guerre des Gaules, II, xix.)
  3. Guerre des Gaules, I, xxiv. Dans la phalange, les hommes du premier rang se couvraient de leurs boucliers, placés jointifs devant eux, tandis que ceux des autres rangs les tenaient horizontalement au-dessus de leurs têtes, disposés comme les tuiles d’un toit.