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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/81

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César fait éloigner les chevaux des chefs et le sien même[1], pour rendre le péril égal et enlever à tous la possibilité de fuir, harangue ses troupes et donne le signal du combat. Les Romains, de leur position élevée, lancent le pilum[2], rompent les phalanges ennemies, se précipitent l’épée à la main. La mêlée s’engage. Les Helvètes se trouvent bientôt embarrassés dans leurs mouvements : leurs boucliers, percés et cloués ensemble par un même pilum, dont le fer, se recourbant, ne peut plus être arraché, paralysent leur bras gauche ; la plupart, après avoir longtemps agité inutilement les bras, jettent leur bouclier et combattent à découvert. Enfin, accablés de blessures, ils lâchent pied et se retirent sur la montagne du château de la Garde, éloignée d’environ mille pas ; mais, pendant qu’on les poursuit, les Boïens et les Tulinges, qui, au nombre de quinze mille environ, fermaient la marche des colonnes ennemies et composaient l’arrière-garde, arrivent sur le champ de bataille et, sans s’arrêter, se précipitent sur les Romains en tournant leur flanc droit[3]. Les Helvètes, réfugiés sur la hauteur,

  1. D’après Plutarque (César, xx), il aurait dit : « Je monterai à cheval quand l’ennemi aura pris la fuite. »
  2. Le pilum était une espèce de javelot qu’on lançait à la main ; il avait de 1m,70 à 2 mètres de longueur totale ; son fer était une tige mince et flexible de 0m,60 à 1 mètre de long, pesant de 300 à 600 grammes, terminée par une partie légèrement renflée qui formait une pointe quelquefois barbelée.

    La hampe, tantôt ronde, tantôt carrée, avait un diamètre de 25 à 32 millimètres. Elle était fixée au fer, soit par des viroles, soit par des chevilles, soit au moyen d’une douille.

    Tels sont les caractères qu’offrent les fragments de pilums trouvés dans les fouilles d’Alise. Ils répondent en général aux descriptions que nous trouvons dans Polybe (VI, xxiii), Denys (V, xlvi), et dans Plutarque (Marius, xxv). Des pilums forgés sur le modèle de ceux trouvés à Alise et pesant avec leur hampe de 700 grammes à 1kilog. 200, ont été lancés jusqu’à 30 et 40 mètres : on peut donc fixer à 25 mètres environ la portée moyenne des pilums.

  3. Latere aperto, côté droit, puisque le bouclier se tenait dans le bras gauche. On lit, en effet, dans Tite-Live : « Et cum in latus dextrum, quod patebat, Numidæ jacularentur, translatis in dextrum scutis, etc. » (XXII, l.)