Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/87

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mangeaient même de l’herbe[1]. Maîtres d’eux-mêmes dès leur enfance, chasseurs intrépides, insensibles aux intempéries des saisons, se baignant dans les froides eaux des rivières, ils couvraient à peine de peaux exiguës une partie de leur corps ; ils étaient de mœurs sauvages, d’une force et d’une taille prodigieuses. Ils dédaignaient le commerce et les chevaux étrangers, que les Gaulois recherchaient avec tant de soin ; les leurs, quoique chétifs et difformes, devenaient infatigables par l’exercice, et se nourrissaient de broussailles. Méprisant l’usage de la selle, souvent, dans les engagements de cavalerie, ils sautaient à terre et combattaient à pied ; leurs chevaux étaient dressés à rester en place[2]. La croyance au dogme de l’immortalité de l’âme fortifiait chez eux le dédain de la vie[3]. Ils se vantaient d’être entourés de vastes solitudes ; ce fait, selon eux, prouvait qu’un grand nombre de leurs voisins n’avaient pu leur résister, et on rapportait qu’en effet, d’un côté (vers l’orient), leur territoire était borné, sur une étendue de 600 milles, par des campagnes désertes ; de l’autre, ils étaient limitrophes des Ubiens, leurs tributaires, peuple le plus civilisé des Germains, parce que sa situation aux bords du Rhin le mettait en relation avec les marchands étrangers, et que, voisin des Gaulois, il s’était façonné à leurs mœurs[4].

Deux immenses forêts commençaient non loin du Rhin et s’étendaient, de l’ouest à l’est, à travers la Germanie : c’étaient les forêts Hercynienne et Bacenis (Voir pl. 2.) La première, partant de la Forêt-Noire et de l’Odenwald,

  1. Appien, Guerre celtique, IV, i, 3.
  2. Tacite (Germanie, vi, 32) parle de cet usage des cavaliers germains de combattre à pied. Tite-Live (XLIV, xxvi) attribue cette habitude aux Bastarnes (Moldaves).
  3. Appien, Guerre celtique, IV, i, 3.
  4. Guerre des Gaules, IV, i, ii, iii. — Le général de Gœler, suivant nous, étend trop vers le midi le territoire des Ubiens.