Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/94

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elle gagna bientôt toute l’armée. Chacun faisait son testament : les moins timides alléguaient, comme excuse de leur crainte, la difficulté des chemins, la profondeur des forêts, le manque de vivres, l’impossibilité des transports et même l’illégalité de l’entreprise[1].

César, frappé de cet état des esprits, assembla un conseil où il admit les centurions de toutes les classes. Il reprocha vivement aux chefs réunis de vouloir pénétrer ses desseins et de s’informer du pays où il se proposait de les mener ; il leur rappela que leurs pères, sous Marius, avaient chassé les Cimbres et les Teutons ; que plus récemment encore ils avaient défait la race germaine dans la révolte des esclaves[2] ; que les Helvètes avaient souvent battu les Germains, et qu’eux, à leur tour, venaient de battre les Helvètes. À l’égard de ceux qui, pour déguiser leurs craintes, parlent de la difficulté des chemins et du manque de vivres, il les trouve bien insolents de supposer que leur général oubliera son devoir, ou de prétendre le lui prescrire. Les soins de la guerre lui appartiennent : les Séquanes, les Leuques, les Lingons fourniront le blé ; déjà même il est mûr dans les campagnes (jamque esse in agris frumenta matura). Quant aux chemins, ils en jugeront bientôt par eux-mêmes. Les soldats, dit-on,

    ques nominations de tribuns militaires, Cicéron lui recommander pour le même grade plusieurs personnes, entre autres M. Curtius, Orfius et Trebatius. « Je lui ai demandé le tribunat pour M. Curtius. » (Lettres à Quintus, II, xv ; Lettres familières, VII, v, Lettre à César). Trebatius, quoique mauvais soldat, fut traité avec bienveillance et nommé d’emblée tribun militaire. « Je m’étonne que vous ayez fait fi des avantages du tribunat, surtout lorsque l’on vous dispensait des fatigues du service militaire. » (Cicéron, Lettres familières, VII, viii). — « Résignez-vous au service militaire, et demeurez. » (Cicéron, Lettres Familières, VII, xi). Trebatius se montra peu satisfait, se plaignant de la rigueur du service, et, lorsque César passa en Bretagne, il resta prudemment sur le continent.

  1. Dion-Cassius, XXXVIII, xxxvi.
  2. Ceci prouve qu’alors, en Italie, un grand nombre d’esclaves étaient Germains.