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mettre la sûreté de sa personne aux cavaliers gaulois, il fit monter leurs chevaux par des hommes de la 10e légion, ce qui donna lieu à ce mot plaisant d’un soldat : « César va au delà de sa promesse : il devait nous faire prétoriens, il nous fait chevaliers[1]. »


Entrevue de César et d’Arioviste.

VI. Entre les deux armées s’étendait une vaste plaine, celle que traversent l’Ill et la Thur ; un tertre assez considérable s’y élevait à une distance presque égale de l’un et de l’autre camp[2]. Là eut lieu le rendez-vous des deux chefs. César plaça à deux cents pas du tertre sa légion montée. La cavalerie d’Arioviste se tint à la même distance. Celui-ci

  1. Guerre des Gaules, I, xlii.
  2. Planities erat magna et in ea tumulus terrenus satis grandis… (Guerre des Gaules, I, xliii). Cette phrase suffirait à elle seule pour prouver que la rencontre des deux armées eut lieu dans les plaines de la haute Alsace. On se demande comment, malgré un texte si formel, divers écrivains ont pu placer le champ de bataille dans les montagnes du Jura, où l’on ne trouve nulle part une plaine de quelque étendue. Ce n’est qu’à la hauteur de Mulhouse, au nord de la Doller, que s’ouvre la vaste plaine de la vallée du Rhin.

    César emploie trois fois le mot tumulus pour désigner l’éminence sur laquelle eut lieu son entrevue avec Arioviste, et il ne l’appelle jamais collis. N’est-il pas évident, dès lors, qu’on doit se représenter ce tumulus comme un tertre arrondi, isolé dans la plaine ? Or il est à considérer que la plaine qui s’étend au nord de la Doller, entre Vosges et Rhin, renferme un assez grand nombre de petites éminences arrondies, auxquelles le mot collis ne conviendrait pas et que l’expression de tertre ou tumulus caractérise parfaitement. Les plus remarquables sont situées, l’une près de Feldkirch, l’autre, entre Wittenheim et Ensisheim. On peut croire que l’entrevue eut lieu sur un de ces tertres, côtés 231 sur la planche 6).

    Le général de Gœler a adopté pour le lieu de l’entrevue une éminence qui s’élève sur la rive gauche de la petite Doller, au nord du village d’Aspach-le-Bas. César eût appelé collis cette éminence, car elle est assez vaste, et, par sa forme allongée, mais nullement arrondie, elle ne représente aucunement à l’œil ce qu’on nomme d’ordinaire un tertre ou un tumulus ; de plus, cette hauteur n’est pas, à proprement parler, dans la plaine, contrairement au texte. Elle n’est séparée des collines situées au sud que par un ruisseau, et la plaine commence seulement à partir de la pente septentrionale.