Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/99

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demanda que l’entretien eût lieu à cheval, et que chacun des deux chefs ne se fit suivre que de dix cavaliers. Lorsqu’on fut en présence, César rappela à Arioviste ses bienfaits, ceux du sénat, l’intérêt que la République portait aux Éduens, et cette politique constante du peuple romain qui, loin de souffrir l’abaissement de ses alliés, veillait sans cesse à leur élévation. Il renouvela ses premières conditions.

Arioviste, au lieu de les accepter, fit valoir ses prétentions : « Il n’avait traversé le Rhin qu’à la prière des Gaulois ; les terres dont on l’accusait de s’être emparé lui avaient été cédées ; on était venu ensuite l’attaquer, et il avait dispersé ses ennemis ; s’il a cherché l’amitié du peuple romain, c’est dans l’espoir d’y trouver avantage ; si elle lui devient préjudiciable, il y renonce ; s’il a fait passer tant de Germains dans la Gaule, c’est pour sa sûreté personnelle ; la partie qu’il occupe est à lui, comme celle qu’occupent les Romains est à eux : ses droits de conquête sont antérieurs à ceux de l’armée romaine, qui jamais n’avait franchi les limites de la Province. César n’est dans la Gaule que pour le perdre. S’il ne se retire pas, il le regardera comme un ennemi, et sa mort lui vaudra, il en est certain, la reconnaissance d’un grand nombre des premiers et des plus illustres personnages de Rome ; ils lui ont fait savoir par des envoyés qu’à ce prix il gagnerait leur bienveillance et leur amitié. Mais si on lui laisse la libre possession de la Gaule, il se charge de toutes les guerres que César voudrait entreprendre. »

Celui-ci insista sur les raisons qu’il avait fait valoir : « Il n’était pas dans les principes de la République d’abandonner ses alliés ; il ne croyait pas que la Gaule appartînt à Arioviste plutôt qu’au peuple romain. Lorsque jadis Q. Fabius Maximus vainquit les Arvernes et les Rutènes, Rome leur fit grâce, ne réduisit pas leur pays en province et ne leur imposa point de tribut. Si donc on invoque la priorité de conquête, les droits des Romains à l’empire de la Gaule