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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/122

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— Oui, pas mal ; et toi ?

Et les deux hommes, s’étant enquis cordialement de leur santé respective, parlèrent de la pluie et du beau temps, puis transportèrent la conversation sur divers autres sujets d’un intérêt tout aussi palpitant ; ensuite de quoi, le gros Zidore, à brûle-poil, fit à son ami la proposition suivante :

— Si tu voulais payer un litre, je « t’enseignerais » un lièvre.

— Ah ! la la ! ricana Léon ; si tu en « savais » un, tu n’en parlerais pas et tu irais bien vite tout seul le nettoyer.

— Si j’avais le temps, oui, bien sûr ; mais malheureusement la charrue me presse. Toi qui n’as rien à faire, qui n’es pas cultivateur et qui as toutes tes minutes, tu peux aller et c’en sera toujours un que les chasseurs du pays voisin n’auront pas. Tant qu’à ne pas l’avoir, j’aime mieux que ce soit toi qu’un autre qui profite de mon renseignement.

Un bon renseignement ça vaut quelque chose ; tu peux bien payer un « kilo », c’est un gros lièvre.

— Tu es si blagueur, objectait Léon en se grattant la tête.

Isidore Cachot et Léon Coulaud étaient en ce temps-là les deux chasseurs de Longeverne. Comme ils avaient du bien au soleil, des écus en poche, qu’ils étaient, par conséquent, des gros du