Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/142

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au soir, son sac d’outils en bandoulière et son baluchon sur l’épaule, il fit au bistro et à ses clients des adieux ironiques et rien moins que polis :

— Je pars chercher un petit logement ; mais, soyez tranquilles, tas de salauds, vous me reverrez !

— Bon voyage ! crièrent quelques spectateurs en suivant du regard sa haute silhouette, qui s’enfonça peu à peu et disparut dans la nuit.

Depuis un mois, le village n’avait aucune nouvelle de Cacaine et ne cherchait pas à en obtenir, trop heureux d’être débarrassé à si bon compte. On se félicitait et on triomphait.

— Ses menaces ? peuh ! des paroles de soulaud. Comment avait-on pu le supporter et le craindre si longtemps !

Ce fut vers cette époque que la mère Désiré, sans qu’on sût pourquoi ni comment, fut prise de coliques bizarres qui l’obligèrent à s’aliter. Deux ou trois jours après, plusieurs autres personnes, des enfants surtout, atteintes de vomissements suspects, durent à leur tour garder la chambre et le lit. Et tout le village bientôt, à des degrés variant selon la constitution et la force de résistance de chacun, fut en proie à des malaises étranges, symptômes inexplicables d’empoisonnement.

Le médecin, appelé, n’y avait d’abord rien compris et avait pensé que cela passerait ; mais comme