Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/163

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— Me chipe pas mes billes, hein !

— C’est jamais que les miennes !

— Les tiennes ! t’en as du toupet ! J’les ai pas gagnées peut-être ? Mais si c’est pour ça que tu me bats, dis-le ; d’abord je ne joue plus, na !

Tétas, qui avait sans doute à se plaindre de procédés aussi violents, se rebellait non moins énergiquement entre les mains de Camus.

Seuls, Tintin et Grangibus, tout essoufflés de leur course, riaient à pleine bouche en se disputant.

— Tu veux pas les rendre, non ?

— Non !

— Eh bien ! f…-toi-les quéque part, tes cailloux.

Les émotions de ce jeu violent étant épuisées, on en chercha un autre, les deux groupes ennemis s’étant tout de même réconciliés.

Les hasards de la course, qui avait été assez longue, les avaient amenés hors du village, non loin du « Creux », une espèce de mare située à quelque cent mètres de la grand’route, derrière une large haie. L’attrait de l’eau, magique sur les gosses, les décida à s’y rendre malgré la défense familiale.

— Va-t-on voir s’il y a des rainettes ? proposa Tintin.

— On leur foutra des cailloux, insinua Grangibus.