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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/164

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Et les poches bourrées de projectiles choisis, ils se dirigèrent vers l’étang.

Dès qu’ils arrivèrent à la haie, et quelques précautions qu’ils prissent pour ne pas faire de bruit, il y eut immédiatement une douzaine de plongées batraciennes qui retentirent en pflocs sonores.

— Les vaches ! s’exclama Tétas. Elles se cavalent dans l’eau, pas moyen d’en chauffer une !

Bientôt, en effet, les six gosses arrivés devant les roseaux de la rive et écarquillant les yeux, ne virent que l’eau ensoleillée, mais point de rainettes.

Ils voulurent alors faire le tour de la mare et, à la queue-leu-leu, s’avancèrent, mais, à chaque pas, un plongeon nouveau à quelques mètres plus loin les prévenait qu’ils venaient encore de troubler le sommeil d’une petite grenouille verte aventurée sur la rive.

Ils s’en énervèrent, s’accusant réciproquement.

— Tu les épouvantes, aussi ; tu marches trop fort !

— C’est pas vrai ! Eh bien, passe le premier, tu verras, toi !

— J’en vois une, souffla Boulot, comme figé et coupant fort à propos la querelle commençante.

— Où, où donc ? s’exclamèrent-ils, tous, en sourdine.

— Là, là ! près de cette grande feuille, fit-il en montrant du doigt.