Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/175

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sifflait la Marseillaise : « Aux armes, citoyens ! » était mort, sans doute d’une fièvre patriotique ; enfin un geai qui donnait les plus belles espérances — « il bouffait, mon ami, comme un cochon » — bouffa si bien qu’un jour il avala, avec la bouillie de maïs que lui tendait Grangibus, la petite palette en bois qui lui servait de fourchette et s’étrangla, comme de juste.

Ces accidents ne désespéraient point l’éleveur qui avec de nouveaux sujets, faisait de nouveaux essais et mettait, au jour le jour, les camarades au courant des progrès réalisés par ses pensionnaires.

Ses récits éblouirent Tintin qui se résolut, malgré le veto familial, à dresser lui aussi, merles et geais.

Il eut moins de veine encore que Grangibus.

Le premier soir comme il se ramenait à la maison avec deux geais et un merle, son père lui tomba dessus et, pour lui apprendre l’obéissance et le respect des nids, l’obligea à tordre le cou à ses malheureuses victimes qui tournaient déjà de l’œil, à les plumer, à les vider, à les barder de lard, à les cuire lui-même et à les manger pour son souper.

D’écœurement, de dégoût et d’indigestion, Tintin vomit tripes et boyaux et faillit en crever pendant la nuit.

Le lendemain, il déclara qu’il quittait l’association.