Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/180

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ville, s’il y contribue comme de juste, l’habit ne fait le moine.

Ce qui les rendait « indésirables », si l’on peut dire, aux regards de leurs condisciples, c’étaient les prévenances particulières dont les entouraient à l’école, le maître, et, à l’église, le curé.

Leur père, le Granger, gros cultivateur, mi-paysan, moitié monsieur ayant, comme on dit, du foin dans ses bottes, était bien avec toutes les grosses légumes du canton et recevait assez fréquemment les deux personnages municipaux susnommés, avec qui il aimait à bavarder et faire la partie, le dimanche.

Et dans le petit monde des gosses, on se demandait pourquoi ces deux honorables (sans doute) et puissants (ô combien !) directeurs de consciences enfantines se trouvaient toujours si vite et si bien renseignés sur tous les délits, frasques et tours, commis ou projetés par leurs jeunes et bruyants tributaires.

La Crique, assez sagement, avait induit que ça devait venir de la Grange ; mais, comme on n’avait jamais eu en mains de preuves palpables, on ne pouvait bannir des jeux quotidiens, ni mettre en quarantaine les deux traîtres présumés, car on aurait pu s’exposer à une sévère, sinon juste, punition du maître.

Ceux-ci, d’ailleurs, un peu hautains et dédaigneux, affectaient souvent de regarder comme indi-