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même où la Julie pénétrait dans la cuisine, le bruit particulier, sorte de grincement aigu que produisait toujours, quand on l’ouvrait ou qu’on la fermait, la porte mal graissée de l’étable.

— Elle l’avait probablement entr’ouverte, afin de voir plus clair, pensa-t-il et c’est le vent qui l’aura refermée.

— Tu es déjà debout, s’écria la Julie en paraissant sur le seuil de la chambre.

— Oui, répondit-il, simplement ; puis, interrogeant à son tour : tu as donc fini de traire les vaches ?

— Je termine à la minute, précisa-t-elle et je ne me suis pas amusée.

— Quel temps fait-il ? s’enquit Jourgeot.

— Je crois qu’il fera beau, mais je n’en suis pas trop sûre, car je n’ai pas encore eu le temps de mettre le nez dehors.

Jourgeot, qui allait faire remarquer qu’il serait bon tout de même de graisser un peu les gonds de la porte d’écurie, sentit, à cette réplique, un soupçon lui traverser l’esprit. Il se tut, gardant pour lui sa réflexion, se disant que tout cela lui semblait assez bizarre et que non, sûrement non, il ne s’était pas trompé.

Avant tout, il était prudent de voir et, sans rien changer à ses habitudes, s’étant vêtu lentement, il sortit dans la cour où il constata qu’il faisait un temps superbe et pas un brin de vent.