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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/208

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che en chose de poule, selon la sacramentelle formule.

Et toutes les bonnes voisines de répéter avec leur meilleur sourire :

— Comme il ressemble à son papa !

— Oui, approuva Jourgeot, d’un air ironique en se penchant sur cet amas piaillant de chair rougeâtre et mollasse ; oui, il me ressemble mieux qu’un loup !

Un silence se fit soudain, et le sourire des commères se mua en grimace. Diable ! le vieux se doutait-il ? Mais déjà Jourgeot, souriant à son tour, s’enquérait avec sollicitude de la santé de son épouse. Les femmes échangèrent des clins d’œil rassurés et toutes pensèrent que, selon sa coutume, il n’avait fait que plaisanter.

Malgré le froid que cette réflexion avait un instant jeté, tout se passa quand même le mieux du monde.

— Préparez l’acte, avait dit Jourgeot au maire, et laissez en blanc le nom des témoins : dès que j’aurai un moment, je monterai avec ceux que j’aurai choisis.

Jourgeot avait son idée. Il surveillait la rue, guettant le passage de Mablot.

Au bout d’un temps plus ou moins long, qu’il employa à bricoler de-ci de-là par la cuisine, il aperçut enfin, discutant avec animation, son gaillard qui passait en compagnie d’un voisin.