Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/212

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vice », affirma malicieusement Jourgeot quand un voisin lui annonça ce départ.

L’autre, gêné, détourna aussitôt la conversation.

Mais Jourgeot, tenace, insistait :

— Il pousse, mon petit gaillard, il pousse ! Ça fera un rude lapin, m’est avis ! Il sera mon bâton de vieillesse et peut-être que c’est lui qui me donnera du pain quand je serai trop vieux.

La Julie, mise au courant de tout par de complaisantes voisines, filait doux elle aussi et, bien que Jourgeot n’eût jamais devant elle fait allusion à rien, elle dorlotait son homme tout autant que son gosse.

— Eh, eh ! pensait le vieux, je crois que je n’ai pas été si bête que ça, après tout !

La vieillesse paisible et douce qu’il avait rêvée lui ouvrait de nouveau sa perspective de jours calmes et sans nuages ; mais son triomphe ne fut vraiment complet que le jour où le Procureur de la République flanqua au maire du pays un « poil » magistral pour avoir laissé inscrire des insanités sur les registres de l’état civil.

« Jourgeot et compagnie ! » C’était se moquer de la loi, cela, et il fallait être stupide pour tolérer de pareilles plaisanteries. À la première irrégularité il serait suspendu de ses fonctions, sinon révoqué tout à fait.

Le maire furieux, craignant qu’on ne le prît