Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/211

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je n’y tiens pas, continuait-il en souriant toujours du côté de Mablot.

Ils furent tellement abrutis de la proposition et des termes dans lesquels elle était faite qu’ils n’osèrent refuser et, tout le temps que dura l’absorption du pernod, Jourgeot triomphant pérora, les dévisageant chacun à son tour, avec un air de satisfaction goguenarde non dissimulée.

Eux, se creusaient la tête, souriant bêtement, le front ridé, les yeux inquiets :

— Certainement, le vieux savait ; il savait tout depuis longtemps, il se fichait de la chose sans doute et pendant qu’ils riaient de lui, c’était lui qui se payait leur tête. Telle fut bientôt leur conviction intime.

Le village tout entier ne tarda pas à être informé de la scène ; c’était Mablot maintenant qu’on regardait en rigolant et de travers.

— Ce sacré Jourgeot, il avait fait signer le père tout de même, et tous ceux qui lui avaient naguère lancé des pointes ou lâché des allusions perfides baissaient maintenant le nez ou détournaient la tête quand il passait.

Le séducteur, comprenant que cela allait mal tourner pour lui, ne tenta pas de revoir la Julie et quelques jours plus tard, son baluchon sur le dos, quitta le pays pour aller chercher de l’embauche ailleurs.

— C’était un garçon qui était « bien de ser-