Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/218

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tiers tendaient leurs branches envahissantes. Au centre du pays se trouvait l’abreuvoir municipal qu’entretient de son jet intarissable et frais, craché par un gros triton joufflu, la bonne source canalisée après maints procès coûteux soutenus au temps jadis par les anciens des anciens de la commune.

Sans penser à autre chose qu’à ne point semer au port quelque vache à l’humeur vagabonde ou quelque génisse capricieuse, Mimile, son fouet à la main, était planté là, derrière son troupeau s’abreuvant à longs traits, quand le père Louchon, prenant son air le plus croquemitaine, s’approcha de lui :

— Ah ah ! te voilà, petit polisson ! s’exclama-t-il en le menaçant du doigt ; me dirais-tu bien ce que tu faisais hier après-midi avec la Tavie dans le gros buisson de la haie des Essarts ?

— Moi, rien ! on s’amusait, répartit Mimile naïvement.

— Et à quoi vous amusiez-vous ?… Ah ah ! tu ne réponds rien !… Petit satyre ! que je vous y reprenne encore tous les deux, ajouta-t-il en clignant de l’œil d’un air malicieux, tandis que le gamin, rougissant pour cacher sa confusion, courait détourner la Poumotte, sa plus vieille vache, qui prenait fort opportunément une direction opposée à celle de son étable.

— Satyre ! pensait Mimile en suivant son trou-