Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/224

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c’était magnifique, du moins il en jugeait ainsi. Une allée fortifiée de bouts de bois conduisant à une poterne monumentale en coudre venait d’être terminée et il parachevait son ouvrage en installant sur ce châssis une sorte de trappe qui se manœuvrait de l’intérieur à l’aide d’une ficelle, quand un glapissement suraigu, suivi de hurlements farouches, le tirèrent en sursaut de son extase laborieuse.

D’un seul bond, il fut debout, écarquillant les quinquets, et courut entre les deux haies.

La vieille Zélie, qui était venue au bois, sans doute pour y cueillir des mûres, s’enfuyait à toutes jambes dans la direction du village, gesticulant comme une folle, beuglant comme un âne en colère.

— Au brigand ! au bandit ! au satyre ! Ah ! le grand cochon, le saligaud !

Mimile, qui la regardait s’enfuir, ahuri de tout ce tapage, se demandant quelle en pouvait bien être la cause, aperçut alors Le Rouge. Il sortait du buisson dans lequel il avait joué la veille avec la Tavie et courait après la femme en lui criant :

— Taisez-vous ! mais taisez-vous donc, vieille folle ; pour l’amour de Dieu, taisez-vous ! je vous donnerai tout ce que vous voudrez : ma montre, mon porte-monnaie, tout, tout, tout…

Mais la vieille n’entendait rien, ne voulait rien entendre et hurlait de plus belle :