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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/225

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— Au satyre ! au satyre ! au brigand !

On eût dit qu’elle avait retrouvé ses jambes de dix-nuit ans, tant elle filait rapidement ; bientôt même elle disparut au haut de la crête dans un épaulement de terrain et Mimile, détournant la tête, découvrit à ce moment la petite Tavie qui sortait à son tour du gros buisson où elle se trouvait sans doute avec le contrebandier.

— Qu’est-ce qu’ils ont donc bien pu faire ? se demandait le gosse. Peut-être ce qu’on a fait ensemble avant-hier. La vieille l’appelle satyre et c’est bien ce mot-là que le père Louchon me disait hier au soir ; pourtant, lui, ne s’est pas sauvé vers le village en gueulant comme un chien battu quand il m’a vu avec la Tavie !

Le Rouge, cependant, désespérant d’atteindre la vieille femme, s’arrêta et s’épongea le front. Il avait des yeux égarés et l’air à moitié fou. Pour qu’il ne s’aperçût pas de sa présence, Mimile rentra dans l’intérieur de la haie. Il le vit alors lever en l’air des bras désespérés, revenir vers la fillette à qui il jeta en hâte quelques mots incompréhensibles et se précipiter vers la forêt dans laquelle il s’engouffra et disparut comme un noyé qui s’enfonce dans une eau sombre, sans bruit refermée sur sa tête.

Pendant ce temps, époumonée et rouge, les cheveux défaits et les habits en loque, la vieille Zélie arrivait au village où ses hurlements