Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/226

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l’avaient précédée. Émus par les cris entendus, tous ceux qui travaillaient aux champs aussi bien que ceux qui étaient à la maison accouraient ou sortaient sur le pas de leur porte, interrogeant la rue. La foule grossissait de minute en minute.

Immédiatement entourée, la cueilleuse de mûres fit à ceux qui se trouvaient là un récit qui devait à coup sûr être effrayant, car aussitôt la place de la fontaine retentit d’imprécations, de blasphèmes et d’épouvantables cris de colère et de rage :

— Le saligaud ! le brigand ! le satyre !

— Ah, le cochon ! si je l’attrape !

— Il faut le prendre !

— Qu’on aille chercher les gendarmes !

— Cette pauvre petite !

Seul dans la pâture avec la Tavie, Le Rouge et la vieille disparus, Mimile, vaguement alarmé et un peu inquiet, mais surtout très intrigué, était accouru pour demander à sa petite camarade des explications :

— Qu’est-ce qu’il t’a fait, Le Rouge ?

— Rien !

— Mais si ; en partant, il t’a dit quelque chose.

— C’est pas vrai !

— Qu’est-ce qu’elle avait, la vieille Zélie ?

— Je sais pas.

— Mais si, que tu sais. Pourquoi que tu ne veux