Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/235

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Louchon non plus. Et son cerveau longtemps remua, brassa, retourna ces deux idées ; puis tout tourbillonna de nouveau, tout sombra dans le noir et sa conscience d’enfant chavira derechef au fond d’un sommeil pesant, hanté de cauchemars.

À l’aube, tenaillé par la crainte, il s’éveilla. Son mal de tête ne s’était pas calmé ; des douleurs aiguës lui traversaient le crâne, le fond des yeux le faisait souffrir et ses tempes bourdonnaient. Mais l’inquiétude était plus forte que la douleur ; il voulait savoir, une énergie désespérée l’animait et il se leva comme d’habitude.

Un instant il songea à profiter de sa liberté pour gagner les bois, comme Le Rouge : mieux valait la fuite et la solitude à la prison et à la torture, au boulet et à la chaîne. Dans la forêt, il y a des mûres et des noisettes, il y a aussi des pommes sauvages : les renards ont des terriers pour s’abriter en hiver de la neige et du froid, les écureuils ont des boules de mousse et ce n’est pas le bois qui manque pour se chauffer !

Mais il se sentit faible, les jambes flageolantes et, comme on n’avait pas trop l’air de se soucier de lui, un vague sentiment de confiance lui revint.

On annonçait pour bientôt la venue du docteur, du médecin « légisse », disaient les femmes, qui serait accompagné de ces Messieurs du Parquet.

Qu’était-ce encore que ceux-là ?

Il le sut l’heure d’après, en voyant arriver, dans