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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/239

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— Nous allons vous accompagner, décidèrent les magistrats.

Et, suivis à distance par la foule, tous prirent la direction de la maison de Mimile.

Bien qu’il fût couché, l’enfant n’allait pas mieux et la fièvre, loin de se calmer, augmentait. Dans son petit lit de la chambre du fond, couché sur son matelas de balle d’avoine, les yeux grands ouverts et fixes, il regardait d’un air égaré tantôt le plafond et tantôt la porte. Son nez aminci frémissait comme un mufle de chat, ses mains s’agitaient, tandis que de ses lèvres entr’ouvertes de longues séries de mots inintelligibles sortaient par moments, à la suite desquels il retombait dans un silence obstiné.

Voici la tisane, mon petit, annonça doucement sa mère, en entrant dans la pièce.

Le timbre câlin et doux de cette voix connue sembla le surprendre et le ramener à lui ; un sourire erra sur ses lèvres et il se souleva un peu, cependant que la femme, s’asseyant à son chevet, lui présentait le bol fumant.

Un silence pesant plana dans la chambre, qui permit vaguement d’entendre la rumeur de la foule en marche.

Mimile, les sens aiguisés par la fièvre, la perçut nettement et se dressa subitement sur son séant, l’oreille tendue, les yeux agrandis.

— Ne te débouche pas, mon enfant, tu as trop