Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/240

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chaud, tu pourrais prendre froid, recommanda la maman.

Mais Mimile n’écoutait plus les paroles de sa mère :

— Ils viennent ! Mon Dieu ! Ils viennent, cria-t-il d’une voix angoissée. Elle a dit… ! Il a dit… !

Et les mots s’étranglèrent dans sa gorge.

— Qu’est-ce qu’ils ont dit, mon petit ! Rien. Dors, dors !

— Si, si, répliqua farouchement le gamin. Les gendarmes ! les juges rouges ! Biribi, le boulet, la guillotine. Mon Dieu, c’est pas vrai : j’ai rien fait !

— Mais non, mon petit, mais non, tu n’as rien fait. Dors tranquille, calme-toi, voyons !

Cependant la rumeur des pas s’était tue, mais on entendait des bruits de voix. Puis la porte de dehors s’ouvrit et le père Victor, précédant les magistrats, entra dans la cuisine et dans la chambre du poêle.

Sur le seuil de la pièce où se trouvaient son fils et sa femme il s’arrêta :

— Tenez, Messieurs, s’écria-t-il, le voici ! Donnez-vous donc la peine d’entrer.

Les hommes aux favoris sévères, aux vêtements plus sévères encore, gravement s’avancèrent, le Procureur en tête ; les autres se pressaient derrière lui, mais aucun ne pénétra dans la pièce.

Dès qu’il aperçut le premier, l’enfant, affolé,