Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/244

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dont l’ensemble constituait un faisceau de preuves des plus concluants.

Le Pape était l’épicier de Longeverne et depuis plusieurs mois, mainte commère se rendant à la boutique, pour une emplette quelconque, avait remarqué que Joséphine « crachait dans les cendres » comme on dit là-bas, c’est-à-dire, à tout propos et même hors de propos, étoilait le plancher d’un jet de salive claire comme de l’eau et cette salivation, au jugement des femmes expérimentées, était vraiment un peu trop abondante pour être honnête.

La mère de Joséphine avait accueilli avec une belle indignation les rumeurs orageuses qui étaient venues jusqu’à elle, criant à qui voulait l’entendre que les gens étaient bien tarés, bien mauvais pour supposer pareille chose d’une jeune fille qu’elle avait toujours élevée dans la crainte des châtiments éternels et le culte de la vierge Marie.

Mais cette fois, il n’y avait vraiment plus à protester ni à nier. Six mois de retard dans les « histoires », l’aveu des rapports de la propre bouche de la donzelle et une explication orageuse avec le Pape venait de faire éclater un scandale qui couvait depuis assez longtemps.

Et le village en était tout guilleret : on avait enfin un sujet de conversation autre que la prévision des ondées et des sécheresses.

— Qu’allait faire le Pape ?