Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les parents du Pape, en effet, dès que la rumeur publique leur eût apporté l’écho des exploits de leur fils, commencèrent par fermer à triple verrou la porte de leur cuisine afin de pouvoir exhaler tout à leur aise leur fureur et prendre en famille quelques décisions au sujet de la tactique à adopter en la circonstance.

— Ah ! le grand cochon, disait le père. Je savais bien qu’il ferait quelque chose comme ça. Mais, elle aussi, si elle n’était pas une traînée, une salope, une rien qui vaille, se serait-elle laissé faire ?

— On ne m’ôtera pas de l’idée qu’elle l’a provoqué dans le but de se faire épouser ensuite, insista la mère. Une sans le sou !

— Ça non, jamais, je ne laisserai pas faire ça, reprenait le vieux ; c’est déjà assez honteux pour nous tous qu’il se soit abaissé à coucher avec. Mais qu’une Carcan entre dans la famille, tant que je serai en vie, non, non et non !

Les tantes et les oncles accourus pour prendre leur part du malheur commun dont les éclaboussures les atteignaient, approuvèrent cette fière et sévère décision et chacun d’eux, en particulier, se chargea, tout en ne mâchant pas au coupable les paroles vengeresses qu’il se proposait de lui jeter à la face, de l’empêcher, si telle était son intention, de consommer son crime jusqu’au bout. Il était impossible en effet qu’il songeât à se mé-