Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sallier avec une fille qui n’avait pas un sou et dont le père se saoulait…

— Dont la mère était une sale langue, ajoutait une des sœurs.

— Dont le grand oncle avait été pris jadis à mettre de l’eau dans son lait…

— Dont la petite cousine avait été condamnée, il y avait quelque trente ans, pour s’être crêpé le chignon avec une des tantes de la belle-sœur de la grand’mère… ainsi ! bref, tout ce qu’il y avait de plus sale parmi le sale peuple du pays.

Cependant, la mère de Joséphine ne s’en était pas tenue à des reproches à sa fille et, forte de son droit de mère outragée par ricochet, elle était allée trouver le séducteur.

Griffes dardées, langue affilée, le chignon de côté, le tablier défait, le caraco ouvert, elle arriva à la porte de la boutique quelques heures après que sa fille lui eût fait sa confession.

— Grand cochon, tu en fais du propre ! s’exclama-t-elle à peine entrée.

Joséphine qui était en train de peser du café ou du sucre à deux ou trois bonnes femmes, pissa dans ses jupes de détresse en remarquant l’altération des traits du Pape à cette apostrophe véhémente.

— Qu’est-ce que vous voulez, interrogea-t-il, d’une voix blanche ?

— Tu as le toupet de me le demander, grand