Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/261

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vienne chercher à mettre la bisbille entre nous.

Ah ! tiens, bon Dieu ! vois-tu, je suis furieux ; il est préférable que tu t’en ailles ; nous reparlerons de l’affaire un autre jour.

— Pour ce qui est d’être un chameau, approuva le Carcan, tu as foutrement raison. C’est une sale charogne et je lui ferai voir, en rentrant, de quelle sorte de bois je me chauffe ; mais du moment que nous sommes en train, pourquoi ne pas continuer ?

— Ah, mais non ! pas aujourd’hui, protesta le Pape. Tu n’as donc pas entendu ce qu’elle gueulait dans la rue en sortant : que je cherchais à te saouler pour mieux te rouler ! Comme si nous avions besoin de ça pour nous entendre !

Le Carcan eut beau insister, le Pape demeura inflexible.

— Si ta rosse n’était pas venue, bien sûr, un litre de plus, un litre de moins, mais pour l’instant je crois que le mieux est que tu t’en ailles et si tu es vraiment le maître chez toi, comme tu le dis, de le faire voir.

— Pour sûr que je suis le maître, et on va bien le voir, répliqua l’autre.

Croyant tout compromis, peut-être tout perdu, la femme de Carcan, furieuse avait bondi hors de chez le Pape en hurlant des malédictions contre les deux hommes : son ivrogne de mari et le putassier qui saoulait le père après avoir garni