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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/42

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et il se peut que ce n’ait pas été du jour ni de la veille.

— Vous ne savez pas ce qu’ils se sont reproché ?

— Ma foi non, et cela m’intrigue, je n’ai pas pu arriver à lui faire décrocher.

Vous savez comment est Médée, kifkif son frère Nastase dont je vous ai parlé et que vous connaissez bien puisqu’il est de vos bons amis.

— Anastase, mais oui, je remets toujours pour lui faire une visite ; depuis que vous lui avez prêté un de mes livres, il tient absolument à me conter les histoires amusantes de sa vie et je suis certain que je ne m’ennuierai pas le jour où j’irai, comme il me le dit lui-même, lui dévider son écheveau.

— Savoir, si ce sera drôle ! Je vous conseille toujours de ne pas vous mettre à boire pour commencer, car, dès qu’il a un verre dans le nez, il ne peut plus dire.

Sans doute, il sait toujours : il a la tête farcie de ses sujets, ses idées se pressent, il commencera dix histoires, mettra en train vingt phrases, s’embrouillera, bafouillera, recommencera, puis il vous fixera de ses yeux brillants en vous disant : vous comprenez ?

Et vous n’aurez rien compris du tout.

— Amédée, l’interrompis-je, est sans doute affligé du même défaut.

— Médée, il est encore pire que son frère. Mais, avant d’en revenir à Turinaz, il faut que je vous