Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/48

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res d’horloge, jusqu’à midi sonnant, ce sacré type m’a tenu la jambe avec les démêlés de Turinaz et de Rocafort, et j’ai eu beau essayer de le faire accoucher, de le mettre sur la voie, d’obtenir un mot qui m’aurait permis de deviner de quoi il s’agissait et où, et quand, et comment ; pas moyen, vous m’entendez, pas moyen !

Il était là : mais Turinaz !… mais Rocafort !… s’arrêtait, réfléchissait, poussait un grognement d’admiration, louait Turinaz en brandissant une pantoufle, puis au moment où j’espérais lui tirer un mot enfin d’explication, se réemballait sur les arguments de Rocafort, s’exclamait encore, et, revenant aux raisons de l’adversaire, repartait de plus belle : pourtant ce sacré Turinaz !… tout de même ce Rocafort !

Et je n’y ai rien, rien, rien compris du tout sinon que deux hommes qui s’appelaient Turinaz et Rocafort se sont engueulés dans les journaux, je ne sais trop quand, probablement au sujet de la religion.

Vous me direz que c’est aussi bête de s’attraper pour ça que pour autre chose. Sans doute ! Mais moi, intrigué par cette mystérieuse affaire, j’ai voulu savoir.

J’ai interrogé les clients, les amis qui viennent à la maison faire la causette : nul n’a rien pu dire à ce sujet ; j’ai demandé à Nastase, qui ne se souvenait pas non plus. Le gamin de Médée est