Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/53

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ses tonnerres lointains, l’évocation des bûchers infernaux, la promesse des félicités paradisiaques dans un éden, somme toute, passablement morne et fort problématique, ne faisaient plus guère frémir que quelques vieilles dévotes et les gosses de neuf à onze ans qui, sous sa paternelle férule, préparaient, plus ou moins sagement, leur première communion.

Ce n’était pourtant pas que ses conseils fussent mauvais ni que ses défenses fussent exagérées ; il ne s’était jamais permis, comme beaucoup de ses collègues, d’interdire aux jeunes, voire aux adultes et aux vieux, si ça leur disait, de danser à leur saoul le soir de la fête patronale et même tout autre dimanche quand la moisson était abondante ou que la vendange était bonne ; de même il n’avait jamais gardé rancune à un cultivateur ou à un vigneron qui avait pris, par hasard, et sans la lui demander, l’autorisation de travailler les jours habituellement consacrés au Seigneur.

Il se bornait à des recommandations anodines et à des conseils mitigés : ne buvez pas tant d’apéritifs, un verre de bon vin fait beaucoup plus de bien ; ne dites donc pas de gros mots devant les enfants, ils ont bien le temps de les apprendre tout seuls ; à quoi sert de se disputer et de s’en vouloir, nous n’avons déjà pas tant de jours à passer sur terre !

On le voit, le curé de Melotte n’exagérait pas