Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/85

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après-midi à faire de la musique et à discuter des dernières productions romantiques, en particulier de celles de « Mocieu Victor Hugo », lequel était, de l’avis d’Étienne, la honte des lettres françaises et la risée de l’Europe.

Vers la tombée du jour, le poète, ayant pris son parapluie, baisa galamment les mains de Mme Mirondeau et lui fit ses adieux.

Je vous accompagne à deux pas, déclara Jacques, en échangeant pour ses sabots les pantoufles brodées par les soins de son épouse ; je rapporterai mon lait en revenant.

Les deux amis partirent, entrèrent dans une ou deux maisons, puis, la discussion ne paraissant point épuisée, ils continuèrent, dans le crépuscule qui tombait, à marcher en devisant, l’un le pot à la main, l’autre son parapluie sous le bras…

Il y avait trois jours que la petite ville de Salins, la commune de Cornabeuf et tous les villages des environs étaient intrigués et inquiets, que les parents, les amis et les voisins vivaient dans l’angoisse, car, depuis trois jours, on était absolument sans nouvelles du poète et du musicien.

Quel accident terrible ou quel crime atroce cachait cette double disparition ?