Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/87

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pied de la croix de bois, érigée à l’endroit où le sentier s’engage dans la montagne, ils trouvèrent, tout plein et garni de sa couche de crème, le pot au lait du musicien, signe indubitable qu’il avait passé par là.

Ayant tenu conseil et réfléchi, ils conclurent que leur voisin, entraîné par son ami, avait dû descendre avec lui à Salins et qu’il en remonterait probablement dans la soirée. Toutefois, par acquit de conscience, et au cas où un accident quelconque se fût produit, ils descendirent presque jusqu’à mi-côte le sentier, en hurlant le nom de Jacques dans toutes les directions. Rien ne leur répondit que les fidèles échos de la vallée qui, dans la nuit étoilée et paisible, roulaient ironiques en se répercutant au loin.

Mme Mirondeau s’était couchée à demi rassurée. Mais, le lendemain, Jacques n’étant pas revenu, un des voisins, qui avait justement des courses à faire au marché, partit dès la première heure pour aller là-bas quérir des renseignements.

L’homme de Cornabeuf, arrivant à la maison qu’habitait le poète Étienne Lecourt, sur le flanc du coteau de Belin, trouva la porte ouverte et l’appartement désert. Il appela : aucune voix ne lui répondit ; il monta au premier étage et ne trouva rien.

Très intrigué, fort inquiet il s’engagea dans les rues de la ville, et tout en vaquant à ses affaires,