informa ceux qu’il rencontra de l’étrange et mystérieuse disparition.
Personne, la veille au soir, n’avait vu le poète ni le musicien, et bientôt toute la population fut prévenue. Comme c’était jour de marché, la rumeur tomba sur les paysans comme un pavé dans une mare, se propageant rapidement dans tout le canton, et les gens de Cornabeuf, dès la rentrée de leur compatriote, n’hésitèrent point, tandis qu’on prévenait en hâte les autorités, à partir explorer en tous sens la montagne.
On fouilla les anfractuosités de roc ; des citoyens courageux descendirent, au moyen de cordes nouées bout à bout dans des précipices inexplorés ; on pénétra dans les recoins les plus solitaires et les plus sauvages ; on sonda les trous de la rivière ; on visita les bouges de la ville les plus suspects et des maisons plus mal famées encore ; mais nulle part on ne trouva trace de l’un ou de l’autre des hommes disparus.
Et cela durait depuis trois jours et l’angoisse croissait avec la fatigue et l’énervement des recherches vaines.
Que s’était-il passé ? Certainement Jacques Mirondeau et Étienne Lecourt étaient morts : mais où pourrissaient leurs corps ? Quelque rôdeur étranger, quelque assassin inconnu les avait-il égorgés dans la montagne emportant pour les enfouir au loin leurs cadavres dépouillés.