Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 27 —

Il se disait, au contraire, que l’ombre était plus propice que la clarté aux entreprises amoureuses.

Et sa main s’égarait le long du corps parfumé qui se pressait peureusement contre lui…

Elle s’égara si bien, sa main, que soudain, dans un souffle, sa compagne lui dit :

— Que faites-vous donc… Prosper ?

— Je vous aime, Juliette.

— Non… J’ai peur du fantôme !…

— Il n’y a plus de fantôme… Si même il y en a jamais eu.

» Il n’y a plus que moi qui vous adore et qui vous désire éperdûment.

Le directeur, à ce moment, ne pensait plus du tout à l’arrêt de l’électricité, ni à la défense que lui avait faite l’instant d’auparavant l’âme de Jules César… Il eut fait beau voir qu’à ce moment l’esprit de ce guerrier antique réapparut pour lui ravir la jeune vierge qu’il pressait contre son cœur.

La « jeune vierge » de son côté, ne soufflait plus mot.

Elle se contentait de soupirer et de pousser par instants de petits cris qui excitaient au plus haut point l’ardeur de Prosper Benoît.

D’ailleurs, la maison était redevenue silencieuse, au point que le directeur était persuadé qu’il avait été lui-même le jouet d’une hallucination.

Il n’écoutait d’ailleurs plus que l’appel de l’amour et sa compagne put constater bientôt que l’âme de Jules César ne pourrait plus venir revendiquer, sur sa personne, des droits définitivement acquis par M. Prosper Benoît.

Celui-ci était tout entier à ses transports amoureux…

Il caressait la tête de sa compagne qu’il tutoyait à présent, lui disant :

— Ma chère petite Juliette, comme tes blonds cheveux sont doux à mon toucher. On dirait de la soie.

La petite Juliette ne répondait pas. Après avoir beaucoup crié, elle se contentait de pousser de longs soupirs…

Son mari aurait bien voulu la voir à présent, et il se demanda s’il n’allait pas tourner le commutateur. Mais une crainte inexplicable l’empêchait d’étendre sa main vers le bouton, qu’il savait maintenant à proximité de la tête du lit.

Il se contenta donc du plaisir que lui procuraient les caresses et qui le conduisit à enlever encore à l’âme de Jules César un peu des droits que cette entité s’était attribués sur le corps de Juliette Arnaud, devenue lépitimement et totalement Mme Prosper Benoît.

Il se reposait de nouveau, le bras passé autour du cou de la femme qu’il venait de faire sienne lorsque, comme par