Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 29 —

Cinq minutes se passèrent, pendant lesquelles Prosper Benoît s’attendait vainement à voir surgir devant lui l’esprit de Jules César. Voir était une façon de parler, car ses yeux fouillaient vainement la nuit sans rien distinguer.

Et, comme elle était disparue, subitement la lumière revint…

Elle revint, illuminant la pièce, projetant ses rayons sur le lit vers lequel immédiatement le malheureux directeur tourna ses regards…

Et, de nouveau, il se frotta les yeux, se demandant s’il ne rêvait pas.

Ce n’était plus Léontine qui était dans le lit, sagement couchée… c’était Juliette… Juliette, dont la chevelure blonde s’étalait sur l’oreiller et qui le regardait tranquillement, comme si elle n’avait jamais bougé de là.

— Eh bien ! mon ami, dit-elle… C’était encore une panne… ?

La voix de la jeune femme avait son timbre ordinaire, sans aucune trace d’émoi…

Prosper restait hébété. Il se tourna vers la porte. Elle était verrouillée comme l’instant d’auparavant…

Il se pinça pour être bien certain qu’il était éveillé.

Persuadé qu’il ne dormait pas, il parla enfin :

— Chère enfant, dit-il… Que vous est-il donc arrivé ?

— Oh… fit Juliette… Pouvez-vous me le demander… Vous le savez bien ?

Et elle se cacha le visage dans les mains dans une attitude toute honteuse…

— Mais, vous n’étiez pas là… dans le lit… tout à l’heure ?

— Comment, je n’étais pas dans le lit ?… Vous êtes fou… Et qui donc y était à ma place ?… À qui donc avez-vous prodigué vos caresses et vos transports ?…

« Prosper !… Prosper !… Que dois-je penser… après m’être abandonnée trois fois à ton amour !…

Prosper ne répondit pas, pour une excellente raison, c’est qu’il ne savait plus que penser lui-même.

C’était un fait incontestable. : la femme qui était couchée là, dans le lit, était réellement son épouse, la jeune Juliette…

— Vrai… Tu ne t’es pas levée ? demanda-t-il.

— Non… Jamais…

— Alors !… Alors !… Je ne sais plus… J’ai fait un cauchemar épouvantable…

— Tu n’es pas gentil !… Je ne croyais pas t’avoir produit un pareil effet. J’aurais pensé, au contraire, que tu me dirais avoir fait un beau rêve.

— Mais encore… dit-il… c’est donc bien toi que j’ai possédée ?