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qu’à rejeter vivement pour pénétrer dans la chambre conjugale sur les pas de Robert, qui avait accepté de faire le fantôme. Le brave garçon voyait là une farce de rapin qui l’amusait follement.

Aussitôt qu’il eût renversé sur le sol le malheureux Benoît, rejetant sur lui le drap qu’il avait prestement arraché du lit, il se précipita sur Juliette qui poussa le cri entendu par son mari.

Mais, d’une main preste, Robert ferma la bouche de la jeune femme, lui disant à l’oreille :

— Pas un mot, pas un cri… Laissez-vous faire, on ne vous veut aucun mal.

Et enlevant Juliette dans ses bras, il l’emportait, refermant doucement la porte sur lui.

La pauvre Juliette se croyait aux mains de cambrioleurs et elle était plus morte que vive.

Son ravisseur l’avait enveloppée dans le manteau de Léontine, tandis que celle-ci se glissait dans le lit aux lieu et place de la jeune épousée.

Robert conduisit ainsi Juliette jusqu’au rez-de-chaussée où l’attendait Albert, qui se tenait dans le salon de la villa.

Là les conjurés avaient allumé une lampe, ne pouvant faire jouer l’électricité sans ouvrir le compteur, ce qui eût en même temps éclairé la chambre où Léontine jouait, dans les bras de Prosper, le rôle que nous savons.

Juliette regarda autour d’elle.

Elle poussa un cri de stupéfaction :

— Vous !… C’est vous ! s’exclama-t-elle.

Albert, Robert et Fernande partirent tous les trois d’un grand éclat de rire.

— Oui, c’est nous, dit Robert… c’est moi le fantôme de Jules César…

Et Albert ajouta :

— Je te l’avais bien dit qu’il ne te posséderait pas, M. le Directeur…

— Vous êtes des cambrioleurs maintenant…

— Avouez que le tour est bien joué, dit Fernande.

— Et mon mari qui est resté seul là-haut !

— Seul… Voilà qui vous trompe, intervint Robert. Nous lui avons pris sa femme… mais nous avons laissé sa maîtresse avec lui.

— Sa maîtresse ?

— Oh ! Une dame très bien et très gentille qu’il avait abandonnée, le lâche, pour se marier.

— Alors, elle a osé prendre ma place.

— Comme tu le dis, répondit Albert. C’est la surprise que nous lui réservions. Sois tranquille, la nuit tous les chats sont