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leurs, si tu te laissais aller à lui céder, Léontine interviendrait immédiatement.

— Comment cela ?

— Elle restera dans la chambre, cachée derrière les rideaux de la fenêtre.

« Et si par hasard, ton mari était trop entreprenant, elle jouerait à son tour le rôle de l’âme de Jules César.

— Vraiment ?

— Oui. Et comme elle est excessivement jalouse, elle n’hésiteraït pas à faire un scandale pour ne pas être cocufiée,

— Quel scandale ?

— Eh bien ! Mais, elle reviendrait prendre ta place.

— Ça ferait du joli !

— Donc, te voilà avertie.

« Mais tu n’as rien à craindre ; elle a fait en sorte que Prosper n’ait plus que des velléités amoureuses.

— Pauvre Prosper !

Juliette à présent, prenait les choses en riant. Elle était entrée entièrement dans la conspiration de son amant.

On a vu par ce qui précède qu’elle sut jouer son rôle à la perfection.

Tout en simulant naïvement la surprise des questions que lui posa Prosper, Juliette riait sous cape, et lorsque son époux se fût endormi à côté d’elle, elle le regarda en murmurant :

— Non. Il est plus bête que nature ! Je n’aurais jamais cru cela d’un homme occupant une si haute situation dans l’administration.

« Si j’étais sa maîtresse, je ne serais pas flattée.

Tandis que Prosper dormait, elle se leva tout doucement et se dirigea, sur la pointe des pieds, vers l’embrasure de la fenêtre.

Elle voulait vérifier si Léontine était bien là comme le lui avait dit Fernande, sans compter qu’elle était curieuse de faire connaissance avec cette rivale, qui avait pris si inopinément sa place dans le lit nuptial.

Juliette appela tout bas :

— Madame !… Vous êtes toujours là ?

— Oui… Qu’y a-t-il donc ?

— Oh ! Rien… Mon mari dort… On voit qu’il a des forces à réparer… Tous mes compliments !

— Merci… mais je vous dispense de…

— Ne le prenez pas en mal surtout. Je viens au contraire, en amie.

« Et d’abord, je voudrais bien vous voir.

Juliette tira le rideau. La nuit était claire, et les rayons de la lune permirent à la jeune Mme Benoît de distinguer les