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— Je me promenais dans le bois avec ma femme de chambre, lorsqu’un gamin qui courait nous appela :

« — Vous êtes bien Madame Benoît ? me demanda-t-il.

« — Oui, pourquoi ?

« — Eh bien ! Voilà une lettre qu’une dame vous apportait et qu’elle m’a dit de vous remettre.»

« Il ne me donna qu’un vague signalement de « la dame » dont il parlait… mais cela importait peu… Je lus la lettre, je me souvins des histoires extravagantes de la nuit, et de l’attitude de mon mari en recevant le télégramme…

« Alors, je n’ai plus hésité, j’ai pris le train, je suis venue te chercher pour me donner du courage… et t’emmener avec moi rue des Batignolles, où nous allons arriver et connaître enfin la vérité.

« Mais vois-tu, maman, s’il me trompe, si la lettre a dit vrai dès ce soir tu m’accueilleras chez nous, dès ce soir je retourne à la maison.

— Que dira ton père ?

— Il dira ce qu’il voudra. J’espère bien qu’il se mettra du côté de sa fille…

Mme Arnaud ne pouvait se douter que la lettre anonyme avait été fabriquée par sa fille elle-même et elle partageait l’indignation de la jeune femme.

Le taxi stoppait. Juliette et sa mère mirent pied à terre, puis pénétraient dans la maison.

Mme Arnaud était trop émue pour avoir remarqué, en descendant de voiture deux hommes et une femme assis à la terrasse d’un café, de l’autre côté de la rue.

Les deux hommes étaient Albert et Robert, la femme, n’était autre que Fernande.

— Ça va bien, dit Albert en voyant débarquer son amie avec sa mère, elles arrivent encore à temps…

Et il se mit à siffloter sur l’air de la Java, ce qui était sans doute un signal, car, à une fenêtre du troisième étage, un rideau se leva et s’abaissa.

Albert qui avait les yeux tournés vers le ciel, les abaissa alors vers la terre, et dit à ses amis :

— Je vous l’avais bien dit… que je l’aurais, moi, ce directeur !

ix

Prosper Benoît n’y comprend plus rien.


M. Prosper Benoît, dans l’auto qui l’amenait à Paris, se demandait toujours quel événement insolite nécessitait sa présence au ministère.