— La dame est venue.
— Quelle dame ?
— Vous savez bien, Mme Violet, celle que je ne dois pas recevoir, à laquelle je dois dire que Monsieur le Directeur n’est pas là…
— Elle est venue, dites-vous ?… Quand donc ?
— Ce matin.
— Oui, même qu’elle a laissé une lettre.
« Naturellement, je ne voulais pas la prendre, mais la dame a insisté.
« — Mais, lui dis-je, M. le Directeur est en voyage pour un mois.
« Alors elle m’a répondu :
« — Croyez-vous ? Moi, je vous répète qu’il sera ici cet après-midi et qu’il ne vous blâmera pas d’avoir pris cette lettre.
« Alors j’ai gardé la lettre, en me disant que vous en feriez ce que vous voudrez…
— C’est bien. Donnez-la moi.
La lettre que Léontine avait, en effet, apporté elle-même dans la matinée, après être passée chez elle et en revenant du télégraphe où elle avait expédié à Fontainebleau la dépêche dont le texte avait été arrêté entre elle et Juliette, cette lettre disait :
« Je sais tout. Comment ? Peu importe.
« Tu m’as indignement trompée. J’exige de toi une explication. Tu ne peux me refuser une dernière entrevue.
« Si tu veux éviter un scandale — et peut-être de graves catastrophes — tu viendras cet après-midi même chez moi où je t’attendrai.
« Ne cherche pas qui t’a envoyé la dépêche que tu as reçue à Fontainebleau. C’est moi !
« À ce soir.
Le directeur était médusé… Il tournait et retournait cette lettre entre ses mains… mêlant les incidents de la nuit à ceux de la journée.
— Je n’y comprends plus rien ! dit-il. Mais puisqu’elle m’attend ! Allons-y !…
x
Dernière entrevue ?
Léontine vint elle-même ouvrir à son amant :
— Ah ! te voilà | fit-elle… Tu as bien fait de venir… autrement, je serais retournée au ministère.