Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 50 —

— Alors, c’est vrai… Tu vas t’en aller, ainsi, sans une douce parole, sans un mot de regret.

— Nous parlons pour ne rien dire. Je veux bien oublier ce que tu as fait, ta démarche au ministère, ton télégramme… mais il faut que tu me promettes, maintenant que tu sais à quoi t’en tenir, d’être raisonnable, de ne plus penser à moi, et de ne pas essayer de briser mon ménage.

Il s’était levé et se dirigeait vers la porte.

Elle courut à lui :

— Tu ne vas pas partir ainsi ?… Prosper… Prosper… Je ne veux pas.

Elle s’était accrochéé à lui, lui avait passé les deux bras autour du cou.

Et tout doucement, elle lui dit :

— Aimons-nous… une dernière fois…

— Tu n’y penses pas !… fit-il, essayant de se dégager…

— Oh ! mon chéri… Tu ne peux pas me refuser cela !… Pas un homme ne refuse cela à une amie de cinq ans…

« Tu n’es pas devenu méchant à ce point…

— Je ne suis pas méchant.

— Alors ?…

Elle le caressait maintenant, se frottait câline contre lui, si bien qu’il sentait sa décision fléchir, son énergie faiblir,

Léontine devenait provocante, ses yeux levés vers son amant, semblaient lui dire « Prends-moi ! »

Elle était bien tentante ainsi et, malgré lui, Prosper ne pouvait s’empêcher de se revoir la nuit précédente, couché à côté d’elle, car, de nouveau, c’était sa maîtresse qu’il croyait avoir possédée à Fontainebleau, en essayant d’évoquer, pour fortifier sa résistance, l’image de sa jeune épouse…

La chair est faible…

Et, ma foi, le pauvre directeur n’était plus en état de résister à ses sens.

Il se laissa donc entraîner vers le lit, sans plus se soucier de Juliette qui devait l’attendre, seule, dans la maison de Fontainebleau.

L’instant d’après, il retrouvait toute son ardeur dans les bras de son amie, qui se montra plus caressante, plus passionnée qu’elle l’avait jamais été, et qui lui disait :

— Prosper !… Prosper !… garde-moi quand même…

« Reste mon amant…

Et Prosper, encore sous l’impression de l’étreinte amoureuse, promettait à Léontine tout ce qu’elle voulait.

Il le promettait, en maudissant sa propre faiblesse, et en pestant contre lui-même, se disant : « Je me suis mis dans un beau cas… Comment vais-je m’en sortir. »

— Nous sommes si bien ainsi ! lui disait sa maîtresse.