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Page:Louis de Beaufront-Commentaire sur la grammaire Esperanto.djvu/36

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ou est écouté. Grâce à l’accusatif l’Esperanto est absolument à l’abri d’amphibologies semblables.

Cette forme le débarrasse encore de toutes les règles que, sans elle, il faudrait établir pour l’ordre des mots. Elle vous dispense de principes rigides et souvent compliqués, comme ceux de notre construction française, dite logique, je ne sais pourquoi, puisqu’elle s’oppose continuellement à ce que je suive l’ordre des faits, et ne permet pas de mettre les mots où les place naturellement la pensée.

Enfin, grâce à l’accusatif, on ne se demande pas perpétuellement en Esperanto, comme en français, le sens exact de phrases analogues aux suivantes : L’enfant saute sur la table. — La souris court sous le lit. Est-on dans le lieu ou y va-t-on ? Il faut deviner, et souvent on s’y trompe. La présence ou l’absence de l’n accusatif me fixe immédiatement, en Esperanto. S’il se trouve à la fin du mot, on va dans le lieu ; s’il ne s’y trouve pas, on est dans le lieu.

Logique, clarté, souplesse, tel est le triple résultat de l’accusatif pour la langue Esperanto. Il en explique et en défend surabondamment l’existence. Loin d’être une complication inutile, ce cas est une réelle simplification qui donne à la langue une liberté d’allure et une aisance qu’elle ne pourrait avoir sans lui.

D’ailleurs, pour pouvoir rejeter l’accusatif, tout en restant logique et clair, il faudrait avoir deux formes pour certains pronoms et certaines prépositions. Nous devrions alors choisir entre deux formes comme nous choisissons entre deux cas. La simplification ne nous paraît pas appréciable. Il ne reste donc, en définitive, que des inconvénients sans aucun avantage.