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le verbe

que l’objet appartient au sujet de l’autre proposition, mon père). — La patro kaj lia filo estas ĉe mi (ici filo est sujet). Le père et son fils sont chez moi.

Cette attribution de sia exclusivement au sujet de la proposition où il figure, est aussi logique que l’est peu l’habitude inverse du latin pour suus, sua, suum. Elle est d’ailleurs le pendant naturel de ce qui se passe pour le pronom réfléchi si, qui doit toujours représenter, en Esperanto, le sujet même de la proposition où il figure.

Ce qui précède explique pourquoi, dans les phrases suivantes, les possessifs français sont traduits par différents adjectifs ou pronoms en Esperanto.

Chacun prise son pays avec ses qualités et ses défauts. Ĉiu ŝatas sian landon kun ĝiaj bonaĵoj kaj ĝiaj malbonaĵoj. — Les pères aiment leurs enfants mais détestent leur paresse. La patroj amas siajn infanojn sed malamas ilian mallaboremon. — Ils ont conduit leurs amis dans leur logement (au sujet du verbe), au lieu d’aller dans le leur (aux amis) : Ili kondukis siajn amikojn en sian loĝejon, anstataŭ iri en la ilian.

Il est facile maintenant de se rendre compte de la supériorité qu’assure à l’Esperanto, pour la précision et la clarté, la possession de ses quatre possessifs : lia (pour un homme), ŝia (pour une femme), ĝia (pour les animaux et les choses), ilia (pour les pluriels) ; plus le possessif réfléchi sia (quand l’objet appartient au sujet du verbe). En français, notre possessif unique amène des amphibologies continuelles ou bien oblige à des tournures lourdes, embarrassées et le plus souvent incorrectes.

Règle 6. — LE VERBE


Le verbe, de tous les mots le plus essentiel et le plus employé, est aussi de tous le plus difficile dans nos langues,