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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/22

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— Eh non ! répliqua quelqu’un, ce n’est pas de la neige cela, c’est le clair de lune.

— Oh ! merci, mon Dieu ! Votre récit, Monsieur, me fait voir tout en blanc… C’est que je me suis embarquée sans la moindre provision et qu’on n’a pas tous les jours la chance d’avoir pour compagnon de route un voyageur qui ait songé à se munir d’un chamois. Les petits surtout, eux, ont coutume de faire leurs quatre repas. Mais, comme nous allons vite ! est-ce que les chevaux seraient emportés ?

— Nous allons vite comme cela depuis le Monestier et vraiment je n’y comprends rien, dit le petit professeur. Nous devrions monter, car nous ne sommes sans doute pas loin du tunnel de Saint-Joseph et nous roulons comme une avalanche.

— Ah ! Monsieur, c’est que vous êtes conduit par le fils F… en personne ; le roi des conducteurs, Monsieur, une poigne de préfet ; il vous guide ses cinq chevaux comme un seul département. On m’a raconté de lui vingt faits plus étourdissants les uns que les autres, mais qui surprennent seulement ceux qui ne le connaissent pas.

— Oh ! dites-nous cela, reprit le jeune maître de septième et huitième, je pourrai peut-être ajouter foi à ce que me disait hier, du fils F…, un de mes élèves, Daniel Grand, qui venait me faire ses adieux au moment de partir pour les vacances.

— Daniel Grand, un bambin pas plus haut que ça et malin en diable ; c’est mon gamin de neveu, je le reconnais ! dit le négociant.